B I E N V E N U E

Sur le site de Marc Biderbost

Artiste, Créaticien, Enseignant

 

Textes choisis 2

CONTE DE NOEL  POUR ENFANTS PAS SAGES...


Perdu ! Il s’était perdu ! Cela faisait longtemps que ce n’était plus arrivé. De très nombreuses années. Tellement, qu’il n’arrivait plus à s’en remémorer la date.

Comme chaque année, il avait attelé ses rennes au traineau, puis il avait chargé l’anachronique moyen de transport avec les milliers de cadeaux qu’il devait livrer.
 
Un dernier coup d’œil attendri sur sa clairière, un bref claquement de langue, et le convoi s’était ébranlé pour chevaucher les nuages.
 
Là-bas, quelque part, des milliers de petits enfants aux yeux brillants et aux fossettes creuses l’attendaient impatiemment.   
 
Et lui, l’homme sans âge, parce qu’il les portait tous, allait, comme l’année dernière et comme toutes celles qui l’avaient précédé, accomplir sa fonction vitale : distribuer un peu de bonheur dans un monde qui en manquait cruellement.
 
Au bout de la nuit, il ferait des heureux comme à chaque fois. Le Père Noël sourit en pensant à l’importance de sa mission.
 
A Trondheim, au bord de l’océan, le temps s’interromprait un moment pour que le petit Pablo, l’enfant de la femme de ménage anonyme, puisse à nouveau sourire. Et plus loin, du côté de Norfolk, les sœurs Gustavsson pourraient se partager les meubles de la maison de poupée qu’il leur amenait.
 
Déjà, leur chant d’allégresse montait aux nues, avec l’étoile de Béthléhem.
 
Bientôt, il allait se poser pour distribuer ses joujoux… et il pourrait ensuite retourner dans sa forêt pour s’y reposer de longs mois durant.
Certes, il y aurait encore tout le courrier à gérer. Mais ce ne serait que dans quelques mois. Il aurait bien le temps.
 
Mais….   C’était curieux….   Il ne reconnaissait pas le paysage. Où étaient donc passés les fjords habituels ?
 
Perdu ! Il s’était bel et bien perdu ! Et, pour la première fois depuis longtemps, il lui fallait se poser pour demander son chemin. Une longue ligne, tracée dans la nature, lui servirait de guide. Au bout, nul doute qu’il y aurait quelqu’un pour le remettre sur la bonne route.
 
C’est cela… oui…  Des enfants jouaient là en bas sur une grande place.
Dans un lent et majestueux vol plané, l’attelage se posa…. à Pékin, sur la place Tien An Men, au moment où les gamins ouvrirent le feu avec les tanks jouets qu’il leur avait amené l’an dernier.
 
A Trondheim, à cet instant, Pablo vit sa mère vomir sa vie dans l’évier. 

Marc Biderbost  18.12.2001 
(texte écrit à Lyon, à l'occasion d'un stage d'écriture dirigé par Judith Lesur)  

 

 

T U E R   L E   T E M P S

« Tuer le temps ».  

D’où vient donc cette expression si populaire ? De longues recherches, réalisées par d’éminents linguistes, n’ont rien donné. Le mystère demeure. 

On a, certes, beaucoup glosé sur le contenu de cette expression, sans rien découvrir de nouveau. 

Par la suite, les docteurs de la langue ont tenté de méta-communiquer sur la signification du sens du contenu présumé. Sans rien trouver. 

Seul le hasard m’a fait découvrir la vérité. 

C’est dans le Midi provençal, cher à Cézanne, Van Gogh, ou tant d’autres, que réside la clé du mystère. Le Midi, sa nonchalance traditionnelle, le soleil qui assomme les esprits et les circonstances picturales, sans négliger une dérive du langage. 

En fait, tout commence dans un champ au pied de la Ste-Victoire. Cézanne y a posé son chevalet dans un champ, sous les feux de l’astre de midi. Le tableau s’élabore lentement, au fil du temps qui passe. L’artiste sue de plus en plus. Enfin, la toile s’achève. Le pinceau se lève une ultime fois pour poser cette touche définitive qui signera le chef-d’œuvre. 

C’est alors que la chose se produisit. Un bourdonnement sauvage, un cri de surprise, mâtiné de douleur, un pinceau qui glisse sur la toile parsemant tout le paysage d’un énorme trait rouge vif. Un mouvement de rage, brutalement libérée, une main qui claque sur le bras douloureux. L’insecte qui s’écrase devant le maître qui s’écrie : « Bon Dieu, sale taon, je t’ai tué » ! 

Un fermier, peu scolarisé, qui passait par là a tout entendu et s’est empressé de répandre la nouvelle dans tous les bistrots du pays.  

Avec l’erreur de français que vous devinez !  

Marc

Puyharas,  août 2000

 

 

E L U C U B R A T I O N S    F I N A L E S

(Lettre à une virtuelle inconnue)

 

Bonsoir... et merci pour tous ces textes qui font chaud au coeur.
Curieusement, je suis sorti marcher dans la neige quand elle a cessé de
tomber tout à l'heure. C'était féérique et il y avait des lumières partout
autour de moi... et pourtant comme elles me paraissaient lointaines...
là-bas, derrière des vitres qui m'isolaient des gens qui se parlaient et
riaient... et, du coup, ces fichues interrogations qui n'en finissent pas de
se poser et de se reposer... et jamais de réponses.... du moins pas celles
qui mettraient fin au suspense....

Qui suis-je ? Où vais-je ? Et pourquoi tout celà ?

Toujours les mêmes questions et toujours la solitude au milieu de la foule,
comme si je vivais dans un monde parallèle et que les gens ne puissent pas
me voir.... le vrai Marc derrière les apparences.... qui se cherche et ne se
trouve plus, ses principes et ses règles qui volent en éclat depuis quelques
années... et que rien ne remplace....

C'est là qu'est la dérive semble-t-il... et je me demande toujours pourquoi
il faut continuer....

Quelquefois, je me dis que c'est pour rencontrer quelqu'un qui croise
quelque part dans l'infini, et à l'instant même cet infini que je crois
pouvoir saisir au hasard d'un regard, ou d'un geste, se dilue et s'effiloche
pour laisser place à un énorme vide... que je crois pouvoir remplir en
aidant quelqu'un, n'importe qui, à faire ce qu'il a envie de faire et ne
peut pas tout seul....  et un merci plus tard, je me demande à nouveau à
quoi cela a servi....

Il me revient en mémoire ce que me disait un chirurgien, autrefois : "je
cherche la Vérité (ou Dieu, ou ....ce que l'on veut y voir) au bout de mon
scalpel.... et je ne trouve rien !". Bof ! Pas terrible, finalement....

Pourquoi les personnes que je rencontre et qui me touchent d'une façon ou
d'une autre ont-elles toujours une partie sombre (comme le côté sombre de la
Force dans la Guerre des étoiles..) qui m'empêche de dire : stop ! Cette
fois c'est la bonne. On pourrait recommencer à construire quelque chose qui
aurait un sens....

Je suis un spécialiste de la communication, que l'on vient chercher d'un peu
partout en Europe... et je n'arrive pas à transmettre simplement ce que je
ressens.... d'ailleurs, je ne sais même pas ce que je ressens vraiment....
un moment lumineux.... puis l'obscurité qui descend d'un coup.... avec cette
atroce lucidité d'un glissement de conscience qui s'échappe peu à peu.... en
marge d'une société que je ne comprends plus.... qui n'est pas vraiment la
mienne.....

Parfois, je rêve d'être un androïde, ou un de ces êtres de l'Espace qui se
serait égaré sur la Terre.... ou plutôt que l'on aurait placé là pour
accomplir un grand destin, une tâche importante pour infléchir
l'évolution.... mais le réveil ne vient pas et les questions demeurent.....

Désolé. Ce n'est pas terrible comme réflexion. Mais il me paraissait important
que tu en saches un peu plus sur ces myriades de pensées qui se bousculent et
se rejettent l'une l'autre....

Si..... et là, une série de suppositions qui n'ont pas de réalité....

Si je n'étais pas ainsi, ou si tu étais plus.... ou moins... et si....
j'arrêtais de déconner.

OK ! Je stoppe ici.

Revenons à tes textes. Ravi que tu aie apprécié la journée.

Ceci dit et si j'osais (doux euphémisme pour dire que je vais le dire dans
la suite de la phrase....), je serais toi (celà ne me regarde pas vraiment,
mais...) j'arrêterai de fumer (pas seulement les cigarettes, mais les joints
aussi.... mon texte te prouve qu'on peut planer sans adjuvants chimiques
destructeurs de neurones.... çà c'est scientifiquement démontré) parce que
tes poumons te diraient merci.... (voilà ! C'est comme çà que je me fais des
ennemis sans nombre.... peux pas m'empêcher de mettre mon grain de sel dans
les existences qui ne me demandaient rien).

Allez, oublie tout çà et profite bien de ton 31 (c'est aussi un Réveillon,
si j'ai bien compris le mot...?). Faudra quand même qu'on arrive un jour à parler de ce qu'on voulait discuter aujourd'hui...  de mon côté, je n'ai pas réussi à
aborder le sujet. Ce sera pour l'an prochain (promesse d'ivrogne.... mais
comment faire pour avoir l'ivresse quand on ne boit pas d'alcool  et qu'on
ne se drogue pas.... ?).

Bises amicales à mon inconnue.

 
Marc

2012

 

 

 

 

 

 

 


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